Monsieur le Maire, cher.e.s collègues, mesdames, messieurs
Si, à notre niveau de responsabilité, nous avons fait le choix, renouvelé lors de notre débat d’orientation budgétaire, de faire de l’éducation l’une de nos priorités, les dotations horaires globales qui sont actuellement discutées dans les établissements de notre ville démontrent, s’il en était besoin que le gouvernement a d’autres priorités. En effet la plupart des collèges de notre ville ont découvert que leurs dotations étaient à la baisse alors même que souvent le nombre d’élèves à accueillir est en hausse. Les délégations de ces établissements reçues les unes après les autres par la direction académique ressortent avec des miettes, qui bien souvent ne correspondent même pas aux textes en vigueur. Les conditions d’enseignement seront partout moins bonnes et plusieurs préavis de grèves ont dors et déjà été déposées pour exiger que les élèves de Seine Saint Denis puissent avoir les moyens de s’épanouir et de progresser quelques soient leur origine sociale.
Comment comprendre que, malgré la jeunesse de notre département et de notre ville, les derniers gouvernements n’aient pas massivement investi pour que cette jeunesse ait accès au haut niveau de formation, dans tous les domaines, que nécessitent les défis environnementaux que nous avons à relever ?
Sans doute peut-on trouver une partie de la réponse dans les représentations que peuvent avoir ceux et celles qui gouvernent ce pays jusqu’au mépris de classe qui peut laisser croire à un porte parole du président Macron qu’un jeune de Montreuil est par essence violent . Mais on peut aussi penser que le mal est plus profond et que c’est un des piliers de notre système qui est volontairement saboté. Sinon comment expliquer que depuis des années les poncifs contre les profs qui sont traités de fainéant.e.s attendant les vacances en alternant congé maternité, maladie et grève se perpétuent. On se souvient que la droite version Sarkozy avait surfé sur ces caricatures en les étendant à l’ensemble de la fonction publique pour tirer un signe égal entre fonctionnaire et coûts inutiles. Il en avait tiré sa révision générale des politiques publiques qui visait à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux.
Comme l’a rappelé notre député Alexis Corbière lors de leur face à face c’était déjà JM Blanquer, maintenant ministre qui était à l’œuvre pour supprimer 80 000 postes d’enseignants. Bien que le gouvernement Hollande aient été élu en partie contre ce discours anti service public, la réalité de ses budgets n’a pas fondamentalement modifié cette logique. Si dans l’éducation nationale l’air joué par les gouvernements Hollandais était plus doux, les fausses notes que sont la réalité des postes ouverts et finalement pourvus, une réforme des rythmes scolaires manquant d’ambition et tellement inaboutie qu’elle a été soufflée à la première occasion et surtout le nœud coulant mis autour des budgets des collectivités ont, dans les faits perpétués les attaques contre ceux et celles qui font fonctionner les services publics qu’ils soient d’État, hospitaliers ou territoriaux.
Emmanuel Macron, fils naturel de ces deux prédécesseurs, élevé dans les berceaux de la finance poursuit de façon brutale ce travail de sape contre l’intérêt général, pressé qu’il est de livrer les morceaux les plus juteux de nos services publics à ces amis, grands patrons du CAC 40 dont les bénéfices ont atteint 94 milliards après impôts soit 20% de mieux en une année. Quand le salaire moyens a lui augmenté de 1,1% et encore le salaire de Bernard Arnault doit peser dans cette augmentation moyenne. Les fonctionnaires dont le point d’indice stagne depuis des années apprécieront de se voir repeindre, tout comme les cheminots, en privilégiés!
Ainsi la sélection qui est mise en place à l’entrée à l’université, alors que la solution rationnelle serait de créer les places nécessaires pour cette jeunesse qui aspire à plus d’éducation, n’aura comme effet que de rajouter des obstacles.
L’enseignement professionnel qui scolarise autour de 40% de nos jeunes est très largement menacé puisque ce gouvernement, pour cette voie, veut favoriser l’apprentissage et livrer cet apprentissage aux branches professionnelles alors même qu’un tiers des contrats d’apprentissages est rompu avant la fin.
Les lycées professionnels eux, garantissent aux jeunes notamment des milieux populaires un enseignement de qualité et ouvert quelques soient leurs origines, garantie qui, dans un contexte de chômage de masse et de discriminations trop nombreuses est plus aléatoire lorsqu’il faut se trouver un patron pour avoir une place en apprentissage.
Ce gouvernement pourra arguer qu’il met en place le dédoublement des classes de CP CE1 mais les moyens mis sont très loin d’être suffisants puisque rien n’est prévu pour que les communes ouvrent, construisent et entretiennent les salles correspondantes à ces dédoublements. Même à Montreuil, malgré l’ouverture de deux groupes scolaires les dédoublements ne pourront se faire tous dans des salles distinctes.
Les alertes sont également nombreuses quant aux manques de postes de remplaçantes et remplaçants, ainsi que les postes permettant d’assurer les dispositifs plus de maître que de classe ou les postes des réseaux d’aides. Nous tenons également à ce que les communes plus rurales, à qui on a annoncé nombre de fermetures de classes, puissent voir leurs moyens maintenus pour que cette fois encore le gouvernement ne puissent mettre en concurrence les territoires, comme il tente de faire jouer grossièrement une supposée concurrence entre argriculteurs et cheminots.
En conclusion et pour en revenir à cette délibération les élu.e.s de la France Insoumise saluent ceux et celles qui ont participé à l’élaboration de cette sectorisation scolaire qui répond en grande partie aux objectifs qui avaient été fixés au départ. Au delà de notre priorisation pour l’éducation nous invitons à soutenir les mobilisations contre les attaques tous azimut qui s’abattent contre le service public en général et contre le service public de l’éducation en particulier.
Pour le groupe des élu.e.s insoumis.e.s
Laurent Abrahams